Chère Dandelion.
As-tu vu ? Et c'est ici qu'on en arrive. Ce chaos indescriptible, ces atrocités, ce feu, ce sang, ces larmes. Comment en est-on arrivé là, trois mille ans après l'effondrement d'un âge déchu ? Je l'ignore, je l'ignore mille fois. Mais nous y sommes, et le futur nous appartient désormais. En équilibre entre lumière et ténèbres, le monde menace de chuter à chaque instant. Les craintes et la danse des spectres font vaciller l'espoir de milliers de personnes, quel genre de futur s'offre à nous ?
La folie réside en chacun de nous, et aujourd'hui elle s'échappe, se libère. Le monde s'embrase dans un délire de violence. Que faire ? Rien, jusqu'à présent. Ou tout du moins rien de visible. C'est dans l'ombre que nous agissons, là où l'oeil ne se dirige point, nous sommes les échos sous la surface. Mais les temps vont changer. L'heure de sortir de la nuit est toute proche, et mon corps vibre d'une exaltation nouvelle. Révolutionner le monde, réussir là où les autres ont échoué, trois millénaires plus tôt. Nous observions les Anges, avec un mélange d'espoir et de méfiance, mais les Anges ne sont en ce temps que des déchus, des simulacres, des démons dont la vraie nature a été mise au jour par l'avènement du Baron à leur tête.
Est-ce le crépuscule ou l'aube ?
Ma plume glisse, saisissant mes pensées les plus proches et laissant fuir les autres. Peut-être périrai-je et ne verrai-je jamais ce monde nouveau, mais nulle angoisse ne m'étreint. Je suis maître de mon monde. L'oeil du cyclone. Je regarde au dehors les maisons et les innocents tourbillonner, voler en éclat.
Est-ce l'aube ou le crépuscule ?
Nous avons patienté, observé, agi en secret. Les conclusions sont arrivées, enfin. Nul autre ne peut faire ce que nous voulons faire. Nul autre n'en aura le courage, la volonté, la force et .. l'aveuglement. Qu'en penses-tu ? J'ai hâte de te revoir enfin, pour que le temps recommence enfin à s'écouler, comme le ruisseau après le gel. Nous devons révolutionner le monde, qu'importe le reste.
Était-ce le jour ou la nuit ?
Il est trop tard pour s'en soucier. Je t'attendrai, dans la plus haute salle du palais. Je t'attendrai et alors le monde changera. Il changera. Ne pleure pas quoi qu'il arrive.
Méphistophélès
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Lun 8 Sep - 0:35